C'était dans la nuit du 14 décembre 1907. Le trois-mâts suédois "Padosa" venait rompre sa coque sur les rochers au large de la Grande Plage. Ce soir de tempête a marqué l'histoire de Biarritz.
Dans la soirée du 14 décembre, alors que la nuit était déjà tombée, un feu apparut au loin indiquant la proximité de la côte. Aussitôt à bord furent allumés des feux et l'équipage fit retentir la sirène de détresse. Tout proche de la côte, le "Padosa" se présentait maintenant face à la Grande Plage de Biarritz, quand soudain, vers 19 h, dans la nuit, le navire cogna une roche. C'était la Roche Plate, à environ 600 m de la terre ferme. Aussitôt, le navire fut entouré des bouillonnements des terribles brisants. Sur la rive, les Biarrots avaient allumé de grands feux et dressaient les machines à fusées pour lancer des amarres, mais ces dernières tirées en direction du navire n'atteignirent pas leur objectif à temps. Le septième tir atteignit finalement le navire, mais il était déjà trop tard pour espérer sauver les marins à partir de ce moyen. Les sauveteurs étaient impuissants et n'avaient pas de canot de sauvetage, d'ailleurs vu la force des vagues et des brisants, est-ce que cela aurait été possible ?
Alors que le navire se disloquait sous les coups de boutoir de l'Océan, sans en recevoir l'ordre de son capitaine, le subrécargue se jeta à l'eau avec un filin. Il tenta de rejoindre à la nage le rivage, mais très vite il se noya, submergé et englouti par les flots. Le capitaine donna l'ordre de mettre une chaloupe à la mer, avec deux hommes à bord, mais une vague écrasa furieusement le canot contre la coque du navire. Le reste de l'équipage eut de la peine à hisser les deux marins à bord. À son tour le capitaine plongea avec un filin, mais les vagues plus fortes l'épuisèrent aussitôt. Il fut hâlé avec peine par son équipage.
Au fur et à mesure que les minutes passaient, le navire se disloquait davantage puis, vers 23 h, il éclata sous les coups des brisants. Les sauveteurs attachés à des filins et accrochés à des bouées s'élancèrent dans les flots furieux pour tenter de sauver les hommes d'équipage qui surnageaient au milieu des épaves flottantes qui étaient projetées par les flots. À la lumière des projecteurs allumés sur les terrasses de l'hôtel du Palais, les sauveteurs et guides baigneurs, sous les ordres du célèbre Joseph Fourquet dit "Carcabueno" s'élancèrent, encordés, dans les flots, avec des cordages et des bouées. Les frères Lafitte tentèrent d'utiliser leur petite chaloupe pour porter assistance. Un à un, huit membres d'équipage – dont l'un malheureusement décéda quelques minutes après sa sortie de l'eau – s'échouèrent sur le rivage. Du côté de la plage Bernain, Jean l'Église, membre du Comité de Sauvetage de Biarritz, maintenu tête en bas par les jambes le long du quai, réussit à sortir de l'eau trois marins. Blessé à l'abdomen, il fut hospitalisé pendant dix jours. De leur côté, des spectateurs tentèrent également de porter secours. Ainsi James Caulfield, commandant en retraite de la marine anglaise, n'hésita pas à se jeter dans les flots.
Le capitaine et six marins furent donc repêchés et soignés. Il s'agissait du capitaine Martin Björk, de son second Jungman Gustaf, du stewart D.H. Sonden, du novice Elvin Johansson, A. Olsen, des matelots H. Lindberg et J. Dandersson. Un autre marin fut repêché mais succomba à ses blessures, John Johansson, âgé de 19 ans. Le subrécargue et deux autres matelots avaient disparu dans les flots : Carl Gustaf Eriksson, Wander et Harald Persson. Le lendemain, l'Océan rejeta sur la plage les corps des marins noyés. Les jours suivants la Grande Plage fut couverte des épaves du "Padosa". On apercevait des morceaux entiers de bordées, des tonneaux, des portes, des planches et madriers ainsi que la chaloupe de sauvetage.
Le Padosa |
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