Hasparren a depuis fort longtemps possédé sur ses vastes terres une très importante forêt. S'il n'en existe plus que quelques hectares, il n'empêche que les chênes tauzins en furent les rois.
Ils les utilisèrent tout d'abord pour construire leurs maisons mais surtout également en tirer d'autres profits. Les achats de chênes de la forêt de Hasparren avaient une particularité. L'acheteur achetait l'arbre nu ! C'est à dire qu'avant de prendre possession de son bien, il devait le dépouiller de toute son écorce qu'il abandonnait sur place. Cette écorce était évidemment récupérée ensuite et permettait aux tanneurs locaux d'en tirer le tan nécessaire au tannage qui était pratiqué dans une grande quantité de maisons placées en particulier au quartier appelé Celhay et également dans le bourg. L'eau nécessaire au tannage était fournie par le grand nombre de ruisseaux qui traversaient la commune. Du fait de la présence de ces deux produits le tan et l'eau, il parait évident que le tannage des peaux a du exister à Hasparren depuis des temps immémoriaux comme l'auraient dit nos ancêtres.
Pourtant les premiers écrits concernant les cuirs tannés n'apparaissent que vers la moitié du 18e siècle. Qu'en est-il exactement? Tout simplement les contrôleurs des finances de l'époque se rendent compte qu'à Hasparren en particulier, mais aussi dans les villages environnants on tanne une quantité non négligeable de cuirs et que par conséquent cette activité doit normalement rapporter quelques subsides au Roi de France ! Bien entendu les tanneurs Haspandars et leurs voisins trouveront mille prétextes pour ne pas être contraints à cette nouvelle charge. Ils refusent toute nouvelle imposition compte-tenu disent-ils que la plupart de leurs cuirs tannés sont vendus en Espagne ! Cela dure des années pendant lesquelles de longues correspondances sont échangées. Le Seigneur intendant de la province intervient à plusieurs reprises sans grand succés ! En fin de compte les tanneurs, refusant toujours de payer le droit imposé sur les cuirs tannés, proposent de payer chaque année un abonnement de 2000 livres en soulignant que ce montant excède de beaucoup le droit qu'on veut leur imposer.
Ces tractations durent une quinzaine d'années et au cours de l'assemblée de la Communauté du 23 septembre 1766 il est enfin décidé de payer l'abonnement pour les cuirs apprétés ouvrés et travaillés afin de les exempter de tous autres droits, soit à leur introduction au pays qu'à leur sortie vers l'étranger. Durant les années qui suivent le syndic du pays réclame souvent les tanneurs qui à son goût ne paient pas la somme d'argent qu'ils devraient normalement verser à la caisse du Roi. En 1768 il convoque les tanneurs de Hasparren à une réunion qui doit se tenir à Bayonne. La réponse qui lui est écrite par Bernard Fagalde qui est maire-abbé de Hasparren et en même temps l'un des plus importants tanneurs de la localité, lui signifie qu'il ne pourra compter sur la présence d'aucun tanneur de Hasparren parce qu'ils sont tous à la foire de Pampelune !! Il faut préciser ici que les patrons-tanneurs sont peu nombreux. Ils ne sont que quelques uns qui achètent les peaux, les distribuent dans les fermes où elles seront tannées, puis les expédient aux divers acheteurs. Au quartier d'Urcuray opèrent en particulier des chamoiseurs. Il s'agit là de tanner des peaux plus fines et donc plus délicates. Un document de la chambre de commerce de Bayonne évoque ce métier où l'on travaille particulièrement des peaux de chevreuil et de cerf. Il y est écrit : pour traiter ces peaux, il faut des eaux pures et vives et courantes. Il faut aussi des endroits uniques pour y établir les foulons et les lessivoirs qui sont nécessaires. Enfin raffinement suprême ces peaux doivent être traitées avec de l'huile de poissons qui vient d'Angleterre ! Ces derniers renseignements datent de 1785.
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