La décision de la ville de Bayonne d'ériger une statue en hommage au cardinal Lavigerie, une figure éminente et enfant du pays, s'inscrit parfaitement dans la période de statuomanie qui caractérise la Troisième République française. Né à Bayonne en 1825 et décédé à Alger en 1892, le cardinal Lavigerie jouissait d'une grande popularité en raison de son engagement religieux et social.
La place du Réduit fut choisie pour accueillir cette statue, et le comité chargé du projet fut présidé par Léon Bonnat.
|
La place du Réduit en 1909 |
Léon Bonnat fit appel à Alexandre Falguière, un sculpteur célèbre, pour réaliser l'œuvre. Cependant, à l'arrivée de la statue à Bayonne, celle-ci dut être entreposée temporairement en raison des travaux d'arasement de la place du Réduit.
|
La place du Réduit en 1910 |
En 1909, lorsque la statue peut enfin être installée, le contexte politique a changé. La municipalité est désormais dirigée par Joseph Garat, un radical. Le climat politique est marqué par des tensions autour de la loi de Séparation de l’Église et de l’État, promulguée en 1905, qui a suscité de vives polémiques. Garat, ne souhaitant pas être associé à l'inauguration d'un monument en l'honneur d'un membre du clergé, refuse de participer à l'événement. |
La place du Réduit en 1910 |
Face à cette situation, l'inauguration de la statue du cardinal Lavigerie a lieu de manière discrète et presque clandestine, au petit-matin du 28 juillet 1909. Cet événement souligne les tensions et les conflits idéologiques de l'époque, ainsi que l'importance symbolique des monuments publics dans les débats sur l'identité nationale et la laïcité en France. |
Carte postale satirique de l'inauguration de la statue du cardinal Lavigerie |
Commentaires
Enregistrer un commentaire