Quand l’eau n’était pas « courante »

La fontaine, nichée au cœur du village, était bien plus qu'une simple source d'eau. Elle représentait un véritable lieu de vie et d'échanges, surtout pour les femmes et les enfants. Dès les premières lueurs du jour, des silhouettes s'approchaient, pegarra ou ferreta sur la tête, prêtes à remplir leurs récipients pour les multiples tâches domestiques qui les attendaient. Les allers-retours se succédaient tout au long de la journée, rythmant le quotidien de Saint-Jean-Pied-de-Port (Donibane-Garazi).

Saint-Jean-Pied-de-Port en 1913
C'était là, autour de cette fontaine, que se tissaient les liens sociaux. Les femmes y partageaient des nouvelles, échangeaient des conseils et parfois, des confidences. Les enfants, eux, y trouvaient un terrain de jeu improvisé, riant et courant autour des jets d'eau, profitant de chaque instant de liberté. La fontaine devenait ainsi le cœur battant du village, un espace de rencontre et de convivialité où chaque goutte d'eau symbolisait la vie communautaire et l'entraide.

La pegarra et la ferreta sont les deux types de récipients principalement utilisés pour le transport de l'eau.

L'origine de la pegarra remonte au moins à l'époque carolingienne, au IXe siècle. Elle a progressivement évolué pour prendre, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, une forme ressemblant à celle d'une "théière".

Pegarra début du XXe siècle 
La ferreta, ou herrade en gascon, est probablement apparue plus tard. Elle contient environ 10 litres et pèse une quinzaine de kilos. Comme la pegarra, la ferreta se portait sur la tête, posée sur un petit coussin en forme d'anneau.

Ferreta Saint-Jean-Pied-de-Port 1913
Pegarra et ferreta étaient installées sur l'évier de la cuisine, et l'eau en était retirée au moyen d'une louche.

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