À Biarritz, entre les actuelles avenues de l'Impératrice et Reine Victoria, la transformation urbanistique au XIXe siècle fut marquante. Autrefois, cet espace n'était constitué que de sables et de marais traversés par un ruisseau. Ce terrain a été acheté et assaini par le domaine impérial, qui a joué un rôle clé dans la transformation de Biarritz, notamment sous l'impulsion de l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui aimait cette station balnéaire. Par la suite, à partir de 1881, ces terres ont été mises en vente sous forme de lots par la Banque parisienne, marquant le début de l'urbanisation de cette partie de la ville. Biarritz, qui était autrefois un simple village de pêcheurs, a ainsi connu une expansion rapide, devenant une destination prisée de l'aristocratie et de la bourgeoisie au tournant du XXe siècle.
Achille Seners est à l'origine de la première construction dans cette zone de Biarritz, transformant ces anciens marais en un espace résidentiel prestigieux. Sa première réalisation fut une villa de deux étages avec un troisième mansardé, située dans un jardin d'agrément. Cette villa témoigne du style architectural de l'époque, probablement influencée par l'attrait balnéaire et l'élégance des constructions de villégiature.
Le Pavillon Henri IV et la Villa Labat au début du XXe siècle |
L'architecte Pierre Louis, chargé du projet, a intégré des éléments modernes pour l'époque, en y ajoutant un terrain de tennis, signe du statut social et du luxe associé à la vie dans ces nouvelles constructions. Par la suite, Achille Seners continua d'enrichir le domaine en y ajoutant une annexe, puis un autre bâtiment de trois étages, contribuant ainsi à l'embellissement et à la densification de cette partie de Biarritz, qui devint progressivement un quartier recherché.
Le pavillon Henri IV, devint rapidement un lieu incontournable de la haute société en ce début du XXe siècle. Les clients affluaient pour profiter de l'atmosphère luxueuse et des événements mondains qui s'y déroulaient. Ce lieu plaisait particulièrement aux Russes, un groupe influent dans les stations balnéaires européennes à cette époque. Le grand-duc Alexis, troisième fils du tsar Alexandre II, était l'un des habitués notoires de ce pavillon.
Le Pavillon Henri IV et la Villa Labat à Biarritz en 1905 |
Les soirées de gala, organisées dans ses salons somptueux, attiraient l'élite aristocratique et bourgeoise. Ces événements étaient très prisés, renforçant la réputation du pavillon comme un symbole de raffinement. Les convives, séduits par l'opulence des lieux, s'y réunissaient pour socialiser, danser, et admirer l'extraordinaire décoration intérieure, un véritable reflet de l'élégance et du prestige de l'époque.
L'histoire du pavillon Henri IV est marquée par une série d'événements dramatiques. Le 12 décembre 1904, un violent incendie, attisé par une tempête, dévasta l'escalier et la cage d'ascenseur. Achille Seners, propriétaire du pavillon, faillit y perdre la vie, asphyxié par la fumée, avant d'être ranimé après quelques minutes d'efforts acharnés. Cet incendie marqua un tournant pour le pavillon.
Seulement quatre ans plus tard, le 10 décembre 1908, un autre désastre frappa le pavillon Henri IV. Un violent orage provoqua une inondation des sous-sols. La pluie torrentielle favorisa la résurgence de l'ancien ruisseau qui traversait autrefois cette zone. M. Seners, ne pouvant ignorer cette récurrence de catastrophes naturelles, intenta un procès contre la ville de Biarritz. La ville, reconnue responsable des dégâts, dut verser une indemnité en réparation.
Le Pavillon Henri IV à Biarritz en 1909 |
En 1926, six ans après sa mort, le pavillon Henri IV et son échauguette d'angle disparurent, laissant place à l'aile nouvelle du prestigieux hôtel Carlton, marquant ainsi la fin d'une ère et le début d'une nouvelle étape dans l'évolution architecturale et historique de Biarritz.
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