Le passage de la douane à Béhobie en 1911 |
Le Pays Basque est traversé par les Pyrénées, une chaîne montagneuse qui sert de frontière naturelle entre la France et l'Espagne. Cependant, cette frontière n'a jamais constitué une barrière infranchissable pour les habitants de la région, qui ont longtemps vécu de part et d'autre, partageant une langue, une culture et des traditions communes. Les villages frontaliers étaient les points de passage habituels pour les échanges commerciaux, les foires et les marchés locaux.
Les douaniers, appelés miquelets en Espagne ou carabiniers en France, étaient présents pour surveiller et réguler les échanges entre les deux côtés de la frontière. Mais malgré leur présence, la contrebande a toujours prospéré, devenue presque une tradition dans la région. Les contrebandiers, appelés kontrabandistak en basque, transportaient clandestinement diverses marchandises : tabac, alcool, textiles, épices, sucre, et même bétail. Les sentiers montagneux, difficilement accessibles et connus des locaux, facilitaient ces activités.
Les pieds poudreux, surnom donné aux douaniers français, tentaient de contrôler ces passages illégaux. Ils parcouraient les montagnes à la recherche des contrebandiers, mais ceux-ci connaissaient souvent mieux le terrain et avaient le soutien de la population locale, rendant la tâche des douaniers difficile.
Dans les villages frontaliers, il existait des postes de douane où les voyageurs et les commerçants devaient déclarer les marchandises qu'ils transportaient. Les formalités douanières impliquaient le paiement de droits de douane sur certaines marchandises pour réguler les échanges entre les deux pays. À des points de passage comme Hendaye, Urrugne - Béhobie, et Arnéguy, les autorités douanières vérifiaient les cargaisons et les passeports.
Les foires de frontière, où les habitants de France et d'Espagne venaient commercer librement, étaient également des occasions pour les douaniers de surveiller les échanges. Malgré leur rôle officiel, les contrôles restaient souvent souples et dépendaient des relations de confiance qui s’établissaient avec les populations locales.
Après la Seconde Guerre mondiale, la modernisation des moyens de transport et des infrastructures a entraîné un déclin progressif de la contrebande traditionnelle au Pays Basque. Avec la création de l'Union européenne et la suppression des frontières internes dans l'espace Schengen en 1995, les postes de douane entre la France et l'Espagne ont été largement démantelés. La circulation des personnes et des marchandises s’est alors considérablement simplifiée.
Cependant, le souvenir des contrebandiers et des douaniers reste vivant dans la mémoire collective basque. De nombreuses histoires et anecdotes sur les stratagèmes des contrebandiers circulent encore dans les villages, témoignant d’une époque où le passage de la douane faisait partie de la vie quotidienne au Pays Basque.
Cette histoire reflète bien la manière dont les frontières ont toujours été à la fois des zones de séparation et des espaces de rencontres et d'échanges au Pays Basque, façonnant les relations humaines et économiques entre ses habitants.
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