Le village d'Ilharre

Dans le pays de Mixe (Amikuze), Ilharre est un village situé en Basse-Navarre. Les communes qui lui sont limitrophes sont Abitain, Arbouet-Sussaute, Bergouey-Viellenave, Gabat, Labastide-Villefranche et Labets-Biscay.

Le village d'Ilharre en 1910

Le toponyme Ilharre a connu de nombreuses évolutions orthographiques au fil des siècles, comme le montrent les différentes formes anciennes recensées. Ces variations reflètent les influences linguistiques, les changements administratifs et les pratiques de transcription des époques médiévales et modernes. Voici un résumé des différentes formes mentionnées :

• Sanctus Laurentius de Brucoe, Bruchoe, Brucue (1160) : Ces formes latinisées et proches indiquent probablement une référence à l'église paroissiale dédiée à saint Laurent (Sanctus Laurentius), ainsi qu’à un lieu appelé Brucoe ou Bruchoe.
• Ylarra (1268) : Apparition de la forme plus proche de l'actuel Ilharre, mais encore influencée par la graphie médiévale.
• Ilharre (1360, 1413) : Cette orthographe s'approche de la forme moderne et montre une relative stabilisation.
• Illarre (1350) : Une variation de la graphie avec un double l, reflet de la flexibilité orthographique de l'époque.
• Ilarre (1513) : Simplification de la graphie en une seule consonne, dans des documents relatifs aux titres de Pampelune.
• Ylharra (1519) et Ylharre, Ylarre (1621) : Variations où le Y remplace le I, une pratique courante dans certains manuscrits anciens, avant la standardisation de l'orthographe.

Ces formes anciennes montrent à la fois l’évolution de la langue et l’influence des scribes dans la transcription des toponymes basques. Chaque variation reflète une période particulière et les usages linguistiques en vigueur à l’époque de sa transcription.

Selon le linguiste Jean-Baptiste Orpustan, le toponyme Ilharre dériverait du mot basque signifiant "la bruyère". En basque, le terme "ilar" ou "ilarra" peut se rapporter à la bruyère, une plante très courante dans les paysages du Pays basque. Cette interprétation s'aligne avec une caractéristique naturelle ou végétale du lieu, comme c'est souvent le cas pour les noms de lieux dans les régions rurales. La bruyère étant une plante typique des terrains légèrement acides et des landes, il est probable que le paysage local ait influencé le choix de ce nom pour le village d'Ilharre.

En 1370, Ilharre a été le théâtre du plus ancien procès en sorcellerie connu dans l'ancien royaume de Navarre. Cet événement marque un épisode historique important, non seulement pour la région de Basse-Navarre, mais aussi pour l'histoire de la persécution de la sorcellerie en Europe. À cette époque, les accusations de sorcellerie étaient souvent liées à des tensions sociales, économiques, et religieuses, et elles servaient de prétexte pour condamner des individus perçus comme déviants ou menaçant l'ordre établi.

Ce procès à Ilharre témoigne des premiers cas de répression des croyances jugées hérétiques ou occultes dans cette région du Pays basque. Les procès en sorcellerie allaient se multiplier en Europe dans les siècles suivants, notamment avec les grandes chasses aux sorcières des XVe et XVIIe siècles. Mais ce cas de 1370, dans un petit village de Basse-Navarre, reste un exemple précoce de ces tensions et des persécutions associées.