Mythologie Basque : Tartalo - Tartaro

Tartalo - Tartaro est une figure terrifiante de la mythologie basque, souvent comparée au cyclope de la mythologie grecque. Comme lui, il possède un seul œil au milieu du front et vit dans des grottes, loin des habitations humaines. Sa cruauté et sa tendance à dévorer les humains, et notamment les chrétiens, en font un être particulièrement redouté dans les récits. Il symbolise une force brute et sauvage, un prédateur implacable des contrées basques. Les variantes de son nom (Torto, Tartaro, Anxo, Antxo) témoignent de la richesse et de la diversité des traditions orales à travers les différentes régions basques, qui ont chacune leur propre version de ce monstre légendaire.

Voici une représentation de Tartalo, le cyclope terrifiant de la mythologie basque, avec son unique œil et son aspect sauvage, prêt à garder l'entrée de sa caverne.
L'origine du nom Tartaro et de ses variantes demeure en effet mystérieuse, et son enracinement dans la culture basque n'exclut pas la possibilité d'une origine plus ancienne ou plus large. La présence de figures similaires au-delà des frontières basques, notamment le Tartari de l'Agenais, montre que le mythe pourrait avoir des ramifications plus vastes. L'association de Tartari à un personnage maléfique ou à un ogre, accompagnée d'expressions comme « méchant comme Tartari », révèle une image similaire de cruauté et de danger à travers ces régions. La mention de Tartarino comme épouse de Tartari dans certains contes montre aussi une dimension narrative où l'ogre est inséré dans un univers plus étendu, avec sa propre mythologie et ses relations familiales. Cette diffusion géographique et sémantique de la figure de Tartaro/Tartari témoigne peut-être de la circulation ancienne des mythes et légendes dans le Sud-Ouest de la France et au-delà.

Les aventures de Tartaro montrent des similitudes frappantes avec celles du cyclope Polyphème, notamment le cadre de la caverne, la garde des moutons, et la capture suivie de l’évasion des prisonniers en crevant son œil. Le motif de l’ogre dupé est récurrent, opposant souvent à Tartaro un jeune garçon astucieux, Mattin Ttipi ou Mattin Txirula, dont la différence et la ruse triomphent de la force brute du cyclope.

La présence de thématiques celtiques, comme la bague parlante mentionnée par Wentworth Webster, ajoute une dimension supplémentaire à ce mythe, suggérant une influence culturelle plus large au-delà des seules traditions basques. Tartaro s’inscrit également dans un réseau plus vaste de légendes de cyclopes, retrouvés le long des Pyrénées et même dans les Alpes, soulignant un imaginaire commun à ces régions montagnardes. La toponymie locale, avec des lieux comme Tartaloetxeta, atteste d’un ancrage profond de cette figure dans le paysage et la mémoire basque.

Voici quelques légendes autour de Tartaro, où ses traits de cruauté et de bêtise sont mis en avant, souvent à travers des récits où il est dupé par des héros plus rusés :

1. La Capture et l'Évasion de la Grotte

Un jour, un jeune berger se perd dans la montagne et se réfugie dans la grotte de Tartaro pour passer la nuit. Tartaro l'attrape et le garde prisonnier, planifiant de le dévorer le lendemain. Le jeune homme, voyant l'œil unique du cyclope, élabore un plan pour s'échapper. Il aiguise un bâton et, profitant du sommeil de Tartaro, lui crève l'œil. Désormais aveugle, Tartaro tente de bloquer la sortie de la grotte en touchant les moutons qui sortent un par un, espérant attraper le berger. Mais ce dernier se cache sous le ventre d'un bélier et parvient à s'échapper, laissant Tartaro fou de rage et de douleur.

Cette légende est très proche du récit de Polyphème dans l’Odyssée, et montre la ruse triomphant de la force brutale.

2. La Bague Parlante

Après avoir capturé un autre jeune homme, Tartaro, pour le marquer, lui offre une bague magique qui se met à crier lorsqu’il s’éloigne de la grotte, trahissant ainsi sa fuite. Le jeune homme se rend vite compte que la bague le dénonce à chaque pas, et, en désespoir de cause, il la coupe de son doigt et la jette dans un ravin. La bague continue de crier, mais Tartaro la suit jusqu’au ravin, ne trouvant finalement que le vide. Cette histoire illustre la dualité entre la magie puissante de Tartaro et l’ingéniosité humaine.

3. Le Duel entre Mattin Ttipi et Tartaro

Dans un autre récit, Mattin Ttipi, un garçon perçu comme un simple d’esprit, est capturé par Tartaro. Ce dernier le menace de le manger le lendemain. Mattin Ttipi, feignant la peur, propose un concours de force à Tartaro pour l’amuser. Il parvient à faire croire au cyclope qu’il peut traire les pierres et qu’il est capable de lancer des haches plus loin que lui. À chaque défi, Mattin utilise des subterfuges pour déjouer la force de Tartaro, qui finit par perdre patience et, par ses propres maladresses, se blesse ou s’épuisant jusqu’à abandonner. Mattin Ttipi finit par s’enfuir, laissant Tartaro seul et frustré.

Ce conte met en avant l’opposition classique entre la force brute et la ruse, le garçon apparaissant comme un « fou » se révélant bien plus malin que son adversaire.

4. Tartaro et le Puits Sans Fond

Un jour, Tartaro capture un jeune homme et l’entraîne jusqu’au bord d’un puits sans fond. Pour se moquer de lui, il lance un défi au jeune homme : celui qui parviendra à boire le plus d’eau du puits aura la vie sauve. Tartaro commence à boire avidement, pensant que son estomac puissant lui donnerait l'avantage. Pendant ce temps, le jeune homme fait semblant de boire, puis, quand Tartaro est presque épuisé, il annonce qu’il s’est attaché un sac sous le ventre pour contenir plus d’eau. Tartaro, croyant qu’il a été surpassé, se jette dans le puits pour vérifier, mais tombe au fond et se noie.

Cette histoire est un autre exemple de la naïveté de Tartaro face à l’astuce de ses victimes.

Ces légendes, typiques de la tradition basque, illustrent l’affrontement entre la brutalité de Tartaro et l’intelligence des héros, souvent des figures de jeunes gens apparemment faibles mais dotés d’une grande ingéniosité. Tartaro incarne une force primitive, archaïque, que les habitants de ces montagnes doivent surmonter pour survivre et triompher.

Commentaires

  1. Bonjours : qui fabrique des laminak et quel endroit ? Mercie

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