Il y a fort longtemps, lorsque les montagnes du Pays Basque étaient encore des terres sauvages et mystiques, un terrible secret pesait sur le sommet de la Rhune. On disait que, certaines nuits d’orage, des sorcières aux yeux étincelants se réunissaient au sommet, sous l’œil pâle de la lune, pour invoquer des tempêtes infernales sur l’Atlantique.
Les marins de Saint-Jean-de-Luz et d’Hendaye racontaient qu’un vent étrange s’élevait toujours avant une tempête, un vent qui sentait la fougère brûlée et le soufre. C’était le signe que les Sorginak, ces sorcières du Pays Basque, lançaient leurs sortilèges.
Elles étaient menées par Akerbeltz, un esprit ancien sous la forme d’un grand bouc noir, qui réclamait aux sorcières un tribut : des âmes perdues en mer en échange de leur pouvoir.
Que les vents hurlent et que les vagues engloutissent les navires des impies ! criaient-elles en jetant du sel et des herbes enchantées dans le feu de leur sabbat.
Et aussitôt, des nuages noirs envahissaient le ciel, les flots se déchaînaient et les bateaux disparaissaient dans les profondeurs abyssales.
Mais un jour, une jeune femme du nom de Maider, fille d’un marin, décida d’en finir avec cette malédiction. Son père et ses frères avaient péri en mer, victimes d’une tempête invoquée par les sorcières. Elle grimpa jusqu’au sommet de la Rhune, armée d’un poignard d’argent et d’une fiole d’eau bénite, offerte par un vieux prêtre de Sare.
Lorsqu’elle atteignit le cercle des sorcières, Maider se cacha derrière un rocher et attendit. À minuit, le sabbat commença. Mais au moment où Akerbeltz apparut dans un éclat de flammes, Maider surgit et brisa la fiole au sol.
Une lumière aveuglante enveloppa la montagne, et un cri déchirant retentit. Le bouc démoniaque s’évapora en cendres, et les sorcières, privées de leur maître, perdirent leurs pouvoirs.
Depuis cette nuit-là, les tempêtes perdirent leur fureur maléfique. Mais les marins, méfiants, continuèrent d’observer la Rhune avec crainte.
Car, dit-on, lors des nuits sans lune, si l’on tend l’oreille au sommet, on peut encore entendre un murmure porté par le vent :
Un jour, nous reviendrons…
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La légende des sorcières de la Rhune |
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